À l’invitation formulée par la ville de Thouars à investir l’espace du centre d’art La Chapelle Jeanne d’Arc, Cécile Bart répond par un projet spécifique intitulé Moteur. Le dispositif se compose de sept peintures/écrans transparentes suspendues à des câbles tombant des voûtes et formant un groupe flottant et aéré qui se laisse traverser par le regard.
Les peintures/écrans étant situées à hauteur des yeux des spectateurs, ceux-ci sont très directement confrontés aux effets changeants d’une peinture tour à tour transparente ou opaque selon l’angle de vue et les projections de la lumière naturelle à travers les vitraux. Une estrade, qui épouse les murs intérieurs de la chapelle, permet de faire le tour complet de l’œuvre sans pouvoir la traverser, l’espace central demeurant vierge pour les peintures/écrans. Chacune d’entre elles, dans ce concert, joue sa partie autonome, pivotant très lentement sur son fil, indépendamment du mouvement des autres. L’ensemble compose un mobile asynchrone qui se déploie le long de la nef.
Avec Moteur, Cécile Bart poursuit une réflexion entamée avec la série Suspens (Dijon 2009 et Genève 2012), où les écrans immobiles effleuraient le sol comme des marionnettes. Ces Suspens ne finissent-ils pas, au fil des installations diverses dont ils ont fait l’objet, par vivre leurs propres aventures en matière de couleurs, de lumière et d’espace, telles des créatures échappant à leur créateur ? C’est la question que se pose, non sans ironie, Cécile Bart qui voit aussi ces objets qu’elle suspend dans la nef néo-gothique de la chapelle Jeanne d’Arc comme des pantins ou même des pendus tournoyant lentement au bout de leur corde.
Trois films réalisés par le réalisateur Thomas Bart, à partir de trois expositions antérieures de l’artiste sont projetés au sous-sol : Suspens (exposition au FRAC Bourgogne à Dijon en 2009), L’hypothèse du fond perdu (exposition à l’Espace d’Art Concret à Mouans-Sartoux en 2010-2011 et 40 x 10 : Suspens (exposition au MAMCO à Genève en 2012). Ces films permettent de mieux saisir le processus de travail entamé par Cécile Bart depuis plus de 20 ans. Pour la première fois, chaque peinture/écran est activée par une rotation motorisée. Cette œuvre gigantesque, à la mesure de l’édifice, joue tant de la mobilité des pièces, que de celle de la lumière solaire et celle du visiteur. Autant de mouvements que seule la caméra peut restituer dans le temps, pour cette œuvre éphémère. À l’occasion de l’exposition Moteur, un nouveau film est réalisé par Thomas Bart, coproduit par la ville de Thouars.